dimanche 3 janvier 2010

The examination at Dulag Luft

Lundi 30 novembre 2009.

Je dois, à nouveau, me dépêcher pour arriver à l'heure. 13h59, comme la dernière fois!!!! " Bobby ", comme à son habitude, m'attend déjà avec son éternel large sourire. Lors de notre dernière entrevue, je lui avais promis de venir avec des documents concernant les pilotes de la Jagdgeschwader 26 ayant abattus trois Spitfires du 350 " Belgian " Squadron ( 1 juin 1942 ). Ayant consulté le site " Ciel de gloire ", je suis tombé sur les noms de trois pilotes :
  • Josef " Pips " Priller ( 101 victoires )*
  • Johann Aistleitner ( 14 victoires )*
  • Karl Borris ( 43 victoires )*
" Bobby " fût très heureux de recevoir ces documents. Nous étions entrain de vérifier les données concernant la victoire obtenue par Josef Priller, le 1 juin 1942 ( jour où " Bobby " a été abattu ). Voici un passage de l'entretien concernant cette partie :

... C'était sa 73ème victoire.

Y a pas de déshonneur alors...

Non.

... moi qui en ai une.

Ensuite, nous passons en revue les données concernant les deux autres pilotes. Mais, nous revenons, automatiquement, sur le palmarès de Priller :

Et comme vous voyez, heu... quatre - vingt - quatre Britanniques, dix - sept Américains et c'est celui qui a abattu le plus de Spitfires de tous les pilotes allemands...

Oui...

... il en a abattu soixante - huit.

... C'est... moi, moi je... je ne sais pas, moi. J'ai tendance à douter. Com... comment est - ce que les Alliés, où il y avait quand même... les Allemands n'étaient pas d... tellement su... super pilotes par rapport aux Alliés. Quand on pense aux Anglais, aux Français, aux Belges, aux Américains... Ils devaient, quand même, avoir d'aussi bons pilotes de chasse que parmi les Allemands!...

Comparant les meilleurs scores ( du côté de la R.A.F. ) de l'Anglais J.E. " Johnnie " Johnson* et du Sud - Africain Marmaduke T.St.J. Pattle*, nous reparlons de certains évènements pour lesquels " Bobby " avait pu retrouver des dates.

Enfin, nous attaquons le vif du sujet et " Bobby " commence à me narrer l'épisode de son interrogatoire. Arrivé à Francfort en train, il est conduit au Dulag Luft ( Durchgangslager der Luftwaffe : Camp de transit - Armée de l'Air ). Il y avait un camp entouré de fils de fer barbelé. Ce camp de baraquements était occupé par des prisonniers ( aviateurs ) déjà interrogés, qui attendaient d'être envoyés dans l'un ou l'autre camp. Pour sa part, " Bobby " est conduit dans un bâtiment en pierre. Sa cellule : une toute petite lucarne placée très haut, un cadre en bois avec un très mince matelas, une petite table, deux chaises, un chauffage électrique ( croyait - il ) relié vers l'extérieur et un seau.

Dans le train ( la veille ), il avait reçu un peu de nourriture et à boire. Depuis, plus rien. Après un certain temps, la porte s'ouvre et un Hauptmann ( capitaine ), appartenant à l'Abwehr, entre. Ce dernier, très calme, s'adresse à " Bobby " en anglais. Etant donné qu'il n'est pas imprimé " Belge " sur son front ( et à cause de son Battle Dress de la R.A.F. ), il lui répond en anglais. S'installant à table, l'officier ouvre un registre et tend, à " Bobby ", un document ( en anglais ) frappé du logo de la Croix - Rouge. Connaissant les consignes en cas d'interrogatoire, il ne remplit que ces trois points :
  • Nom
  • Grade
  • Matricule
L'Allemand insiste sur le fait de remplir le reste de la feuille. " Bobby " refuse. Mais l'officier insiste encore et utilise comme prétextes, la Croix - Rouge et la famille de " Bobby ". N'obtenant aucune réponse positive, l'Allemand lui dit qu'il sait que " Bobby " n'est pas Britannique, mais Belge. Il ajoute, également, qu'il appartient au 350 " Belgian " Squadron qui vole sur Spitfire, et qu'il connaît l'indicatif de l'escadrille : Earmark. " Bobby " m'avoua qu'il lui a été difficile de garder un visage sans expression. Bien qu'il parlait anglais couramment, il avait gardé un très léger accent. Néanmoins, " Bobby " fût surpris que l'Allemand puisse affirmer qu'il était Belge. Mais " Bobby " répondait toujours par la négative.

Citant les noms de certains pilotes de l'escadrille ( renseignements exacts! ), l'officier reçoit toujours des réponses négatives. Il répète les même questions durant une heure ou deux, en restant toujours très calme. Finalement, n'obtenant aucune réponse, il décide de quitter la cellule. " Bobby " demande si il peut avoir à manger ou à boire. " Pas avant que vous n'ayez répondu à mes questions ", lui répondit l'Allemand. Ce manège se répètera une ou deux fois durant la même journée, avec un résultat identique.

La nuit, " Bobby " se réveille et commence à avoir très chaud. Il se rend compte que le chauffage est un conditionnement d'air. Retirant ses bottes de vol, son uniforme et le reste, il se retrouve en sous - vêtement. Il retourne s'endormir. Subitement, la température chute, et il est obligé de se rhabiller. Cela durera toute la nuit! Le lendemain matin, " Bobby " était, d'après ses dires, une vraie loque humaine. Pratiquement pas de sommeil et rien dans le ventre. La porte s'ouvre, le même Hauptmann entre et, toute la journée, recommence à poser les même questions. Vers la fin de la journée, l'officier dit ( je laisse parler " Bobby " ) :

" Bon... malgré que vous... que vous le niez fermement... vous êtes un bon soldat ", d'ailleurs il dit. " Vous... vous avez de la fermeté. Mais, nous savons très bien que vous êtes le Flying Officer Laumans, heu... appartenant à la 350ème qui se trouve être une escadrille composée de pilotes belges, etc... Mais, vous ne voulez pas le dire. Mais, comme nous en sommes persuadés, nous savons aussi que vous n'avez aucun secret militaire... à nous confier. Et donc, ça ne sert plus à rien que vous... que je continue l'interrogatoire. Et vous allez partir... heu... ce soir encore... heu... pour Stalag Luft III à Sagan, en Silésie. "

" Et là vous allez retrouver votre ami Louis Peeters ( grand ami de " Bobby " à l'escadrille, abattu le 23 mai 1942 )*. " Il dit ça, et la demi - seconde après... ça sort, moi j'étais comme je dis, une loque humaine - là... Pas mangé depuis quarante - huit heures, pas dormi depuis... pendant quarante - huit heures puisque c... cette sacré machine m'empêchait de dormir. Et, malgré mon... ma... ma volonté très ferme de ne rien divulguer, au moment où il dit : " Vous allez revoir Louis Peeters. "... à la demi - seconde où il dit ça, je dis : " He's alive! "

Et en le disant, je me dis : " Ferme ta gueule, mon vieux, tu viens de te trahir! ". Et alors, il ne dit rien, il commence à sourire. Il n'avait... depuis quarante - huit heures, il n'avait jamais sourit. Il commence à tapoter ( des doigts de la main droite ). Il dit : " Mister Laumans, you just betrayed yourself. "
Après avoir confirmé à " Bobby " que, tout ce qu'il avait refusé de dire s'avérait être, en réalité ,exact... l'officier lui annonce que son départ pour Sagan se déroulera dans une heure. Juste après que le Hauptmann soit sorti, un sous - officier et deux sentinelles de la Luftwaffe entrent aussitôt dans la cellule. Ces derniers le conduisent vers un gros camion militaire, dans lequel se trouvent des prisonniers appartenant à la R.A.F., qui venait du camp de baraquements. Conduits à la gare, les prisonniers sont installés dans des wagons de voyageurs. Les fenêtres étaient bloquées, et chaque compartiment était rempli de sentinelles. Le voyage a, sûrement, duré deux jours. Et c'est dans le train, que " Bobby " a reçu à manger.


Ici s'achève le chapitre consacré à l'interrogatoire. La prochaine publication sera, uniquement, consacrée au Stalag Luft III et à la " Grande Evasion ".

* www.cieldegloire.com/001_priller_j.php
* www.cieldegloire.com/001_aistleitner_j.php
* www.cieldegloire.com/001_borris_k.php
* www.cieldegloire.com/002_raf_johnson_j_e.php
* www.cieldegloire.com/017_pattle_m_t_st_j.php
* www.cieldegloire.com/006_peeters_l.php

1 commentaire:

  1. Fantastique!! Tu es tombé vraiment sur quelqu'un qui en a vu!! J'ai hâte de lire le suivant!! :)

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